Un regard laïque sur… par Jules Boulard

Le confinement et le couvre-feu, sans mettre en cause leurs raisons sanitaires, ont peut-être ceci de bon qu’ils nous laissent plus de temps à la réflexion. Mais c’est, en réalité, le vécu aujourd’hui de ce que Koninck a voulu exprimer jadis dans son tableau du « Philosophe au livre ouvert » (1645) : un personnage âgé, comme reclus, méditant devant un livre ouvert, un globe terrestre et… un crucifix. Le décor, l’éclairage, l’escalier sont aussi très significatifs symboliquement, de même l’absence de tout autre personnage dans la perspective de longs couloirs sous les voûtes : nous voilà !

S’il s’agit là d’une ambiance propice à la réflexion, je crains fort qu’elle ne soit pas des plus favorables à l’exercice de la laïcité laquelle, si elle se fonde sur une pensée humaniste, n’en exige pas moins un engagement concret, actif, social, mû par les options altruistes de respect, tolérance et pluralisme. Dans la situation de confinement actuelle, avec toutes les restrictions de contact et de mobilité qui nous sont imposées, nos activités traditionnelles sont suspendues… et la clarté qu’elles s’efforçaient de répandre est bel et bien mise en veilleuse.

Par contre la parole réductrice, dogmatique, parfois vindicative et même terroriste continue à se répandre du haut des clochers comme des minarets. Elle trouve une tribune dans nombre de médias et sur les réseaux sociaux. La stratégie prosélytiste bénéficie d’un terrain favorable en ces périodes troublées par la pandémie annonciatrices de catastrophes mondiales. Rien de tel que la peur pour rendre les esprits comateux, vulnérables aux diatribes des gourous de tout poil.

Quels seront nos lendemains lorsque, le risque pandémique provisoirement écarté, nous nous retrouverons à la merci des castes politicienne, économique, et surtout pseudo-scientifique qui auront pris l’habitude – et l’assurance – d’exercer un pouvoir quasi absolu ? Jusqu’où peut-on accepter les clauses dites de « solidarité » invoquées, rabâchées, imposées ? Qui, ou quel État acceptera que la désobéissance reste l’un des droits fondamentaux, une forme légitime de la liberté, en paroles comme en actes ?

Ne devons-nous pas, laïcs convaincus, être vigilants, nous préparer à affronter de nouvelles idéologies totalitaristes et mettre tout en œuvre pour éradiquer le virus qui ronge ou pétrifie les dynamiques démocratiques ? Peut-être y a-t-il une perspective moins sombre dans la création d’assemblées populaires dont la naissance est annoncée ici et là ? En attendant cette opportunité à saisir, pourquoi ne pas mobiliser nos tribunes, occuper le plus d’espace médiatique possible ? Bref, continuer à être « présents » ?

J.G. Boulard [Cercle Laïque d’Aiseau-Presles, Farciennes et Châtelet]

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