Cinéphilos
Réfléchir ensemble, images à l’appui
Programmation 2025-2026
Pour ouvrir la nouvelle saison des Cinéphilos, nous interrogerons le lien entre pouvoir et responsabilité à travers deux œuvres du cinéma expressionniste allemand.
Robert Wiene, Le Cabinet du docteur Caligari (1920)
Dans la ville fictive d’Holstenwall, un inquiétant forain, le docteur Caligari, présente un somnambule aux talents prophétiques. Très vite, les prédictions se mêlent à des meurtres inexpliqués. Ce film culte, aux décors déformés et à l’ambiance hallucinée, interroge la manipulation des esprits, la soumission à l’autorité, et la manière dont une figure de pouvoir peut se soustraire à toute responsabilité.
Paul Wegener & Carl Boese, Der Golem (1920)
Inspiré d’une légende juive, ce film raconte comment, dans le Prague du XVIe siècle, un rabbin donne vie à une créature d’argile pour protéger sa communauté opprimée. Mais la créature finit par lui échapper. Ce film pose la question des limites du pouvoir créateur et de la responsabilité morale de celui qui manipule les forces qui le dépassent.
À travers ces deux films, nous questionnerons la figure du dirigeant : peut-on déléguer le pouvoir sans en assumer les conséquences ? Une autorité peut-elle se défausser de sa responsabilité ? Et surtout : que devient une société où ces deux notions sont disjointes ?
INFOS PRATIQUES
▶ Dimanche 28 septembre 2025
▶ De 11:00 à 12:30
▶ Quai 10 (Quai Arthur Rimbaud, Charleroi)
Face à l’urgence, toutes les règles sont-elles appelées à céder ? En octobre, les Cinéphilos s’emparent de cette question à travers deux films où l’action collective et la lutte contre l’injustice prennent une tournure radicale.
Sergueï Eisenstein, Le Cuirassé Potemkine (1925)
Symbole du cinéma de propagande soviétique, ce film muet retrace la mutinerie d’un équipage russe en 1905, face à des conditions de vie inhumaines. Le soulèvement s’étend à la population d’Odessa, qui subit une répression sanglante. Eisenstein y interroge la légitimité de la révolte face à l’urgence de survivre et de renverser l’ordre établi.
Brian De Palma, Les Incorruptibles (1986)
À Chicago, en pleine prohibition, le règne d’Al Capone semble incontesté. L’agent Eliot Ness décide de l’affronter en montant une équipe prête à contourner les règles si nécessaire pour faire tomber le criminel. Tension entre légalité et efficacité, entre justice et méthode expéditive, dans un contexte où l’urgence impose ses propres lois.
Ces deux récits, séparés par un océan et soixante ans d’histoire, posent la même question : quand l’urgence commande, que devient la souveraineté du droit, de l’éthique, ou de l’individu ?
INFOS PRATIQUES
▶ Dimanche 26 octobre 2025
▶ De 11:00 à 12:30
▶ Quai 10 (Quai Arthur Rimbaud, Charleroi)
Où se situe la frontière entre rationalité, idéologie et croyance ? Le Cinéphilo de ce mois de novembre permet d’en débattre à travers un classique du cinéma.
Charlie Chaplin, Les Temps modernes (1936)
Dans cette comédie dramatique, Charlot devient le symbole de l’humain broyé par la machine. Ouvrier assigné à resserrer des boulons à la chaîne, il perd peu à peu sa santé mentale sous la pression d’un système qui sacralise la productivité. Ce film interroge les dérives d’une société technicienne qui, sous couvert de progrès, impose des croyances nouvelles : celles de la rentabilité, de l’efficacité, de la discipline mécanisée.
Les sciences et les techniques suffisent-elles à produire une vérité neutre ? Ou risquent-elles, elles aussi, de devenir les dogmes d’une époque ?
INFOS PRATIQUES
▶ Dimanche 30 novembre 2025
▶ De 11:00 à 12:30
▶ Quai 10 (Quai Arthur Rimbaud, Charleroi)
Le vivant, dans toutes ses formes – humaines ou animales – nous échappe parfois, nous confronte, nous regarde. Pour le premier des Cinéphilos de 2026, nous vous proposons une réflexion croisée sur la crise du vivant, entre invisibilité et surexposition, entre domination et effacement.
James Whale, L’Homme invisible (1933)
Jack Griffin a percé le secret de l’invisibilité. Cette découverte le plonge dans l’isolement et le délire de toute-puissance. En devenant invisible aux autres, ne finit-il pas aussi par se déshumaniser ? Ce film fantastique interroge le regard que nous portons sur nous-mêmes, sur les autres, et sur ce qui devient « monstrueux » dès lors qu’on ne le voit plus.
Lucien Castaing-Taylor & Véréna Paravel, Leviathan (2012)
Tourné à bord d’un chalutier, ce documentaire bouleverse nos repères. Caméras embarquées, absence de commentaire : le film nous entraine dans une expérience viscérale où hommes, machines et éléments naturels fusionnent. Un regard radical sur la violence des rapports que l’humanité entretient avec les autres formes de vie et sur la façon dont ces vies nous échappent.
Deux regards, deux esthétiques, une même interrogation : dans un monde en crise, comment habiter et respecter le vivant ?
INFOS PRATIQUES
▶ Dimanche 25 janvier 2026
▶ De 11:00 à 12:30
▶ Quai 10 (Quai Arthur Rimbaud, Charleroi)
Peut-on encore prendre le temps de penser dans une société en mouvement constant ? Comment accueillir la pensée, la différence, l’inattendu ?
Roman Polanski, Deux hommes et une armoire (1958)
Deux hommes émergent de la mer, une armoire sur leurs épaules. Déambulant dans une ville de totale indifférence, ils tentent de s’intégrer, de partager leur étrange fardeau, mais se heurtent au rejet. Métaphore absurde et poétique, ce court-métrage interroge la place laissée à l’inutile ou à l’incongru, et, à travers eux, à la pensée critique dans une société formatée.
Un film sans parole, mais qui en dit long sur les silences.
INFOS PRATIQUES
▶ Dimanche 22 février 2026
▶ De 11:00 à 12:30
▶ Quai 10 (Quai Arthur Rimbaud, Charleroi)
L’angoisse est-elle un moteur de lucidité ou un frein à la liberté ? Comment affronter l’incertitude sans sombrer dans la peur ?
Agnès Varda, Cléo de 5 à 7 (1962)
Cléo, jeune chanteuse en attente de résultats médicaux, traverse Paris et ses pensées en 90 minutes de doutes, de rencontres et de prise de conscience. Du regard des autres à la découverte de soi, Agnès Varda signe un film sur la manière dont l’attente, la peur et l’imaginaire façonnent notre rapport au réel.
Une réflexion sur l’invisible et sur les chemins que l’on emprunte quand tout semble suspendu à une réponse.
INFOS PRATIQUES
▶ Dimanche 29 mars 2026
▶ De 11:00 à 12:30
▶ Quai 10 (Quai Arthur Rimbaud, Charleroi)
L’autorité repose-t-elle sur la légitimité, le pouvoir ou la manipulation ? Est-elle toujours visible ou parfois insidieuse ?
Joseph Losey, The Servant (1963)
Lorsque Tony, un aristocrate insouciant, engage Barrett, un valet irréprochable en apparence, une étrange relation de dépendance s’installe. Peu à peu, les rôles s’inversent. Domination sociale et emprise psychologique rythme la mise en scène d’une lente déconstruction de la hiérarchie, où chacun teste les limites de son pouvoir.
Un huis clos oppressant et élégant qui interroge le fondement de l’autorité et sa possible subversion.
INFOS PRATIQUES
▶ Dimanche 26 avril 2026
▶ De 11:00 à 12:30
▶ Quai 10 (Quai Arthur Rimbaud, Charleroi)
Comment les récits de l’humanité intègrent-ils les figures féminines ? Quelle mémoire collective construit-on et qui en est le sujet ?
Stanley Kubrick, 2001, l’Odyssée de l’espace (1968)
De l’aube de l’humanité à la conquête spatiale, Kubrick retrace un récit du progrès humain, mais dans lequel la présence féminine est presqu’absente. L’homme y est le moteur de l’évolution ; et la technologie, son prolongement.
Greta Gerwig, Barbie (2023)
Et si un monde entièrement régi par les femmes existait ? Barbie met en scène cet univers en apparence idyllique pour mieux en dévoiler les fragilités. Le film questionne avec humour et sensibilité les rôles de genre, l’invisibilisation des femmes et les mécanismes de leur émancipation dans nos sociétés contemporaines.
Deux visions contrastées de l’humanité, pour réfléchir à la place qu’elle laisse (ou non) aux femmes dans son récit.
INFOS PRATIQUES
▶ Dimanche 31 mai 2026
▶ De 11:00 à 12:30
▶ Quai 10 (Quai Arthur Rimbaud, Charleroi)
Qu’attendons-nous lorsque nous invoquons des figures de justice surpuissantes ? Besoin de protection, soif d’ordre, désir de vengeance ou incapacité à croire en nos propres capacités ?
Leslie H. Martinson, Batman (1966)
Dans une version kitsch et colorée, Batman et Robin affrontent une alliance de super-vilains hauts en couleur. Ici, le super-héros est une figure presque parodique, emblème d’un monde manichéen où le bien triomphe toujours.
Tim Burton, Batman (1989)
Dans un Gotham gothique et tourmenté, le justicier masqué revêt un costume plus sombre. Burton interroge les zones d’ombre du héros : jusqu’où peut-on aller pour faire justice soi-même ? Et si le super-héros n’était que le reflet obscur de nos propres contradictions ?
Ces deux versions du Chevalier Noir nous invitent à réfléchir sur nos manières de faire face à l’impuissance individuelle et collective.
INFOS PRATIQUES
▶ Dimanche 28 juin 2026
▶ De 11:00 à 12:30
▶ Quai 10 (Quai Arthur Rimbaud, Charleroi)
Programmation 2024-2025
Pour le dernier des Cinéphilos de cette saison, nous nous intéressons à la question de la mécanisation de la Terre à travers le film « Koyaanisqatsi » de Godfrey Reggio.
Godfrey Reggio, « Koyaanisqatsi » (1982)
« Koyaanisqatsi » (= « vie en déséquilibre » en langue hopi) est un film expérimental qui montre le contraste entre la beauté de la nature et la machine industrielle. Une critique de l’impact de l’activité humaine sur la planète qui invite à réfléchir sur la direction que prend notre monde et sur la possibilité que notre Terre devienne, en effet, une machine.
Ce chef-d’œuvre visuel, accompagné de la musique envoûtante de Philip Glass, permet de penser la relation entre l’humanité et la technologie, ainsi que l’impact de la modernité sur notre planète.
INFOS PRATIQUES
▶ Dimanche 29 juin 2025
▶ De 11:00 à 12:30
▶ Quai 10 (Quai Arthur Rimbaud, Charleroi)
Dans le cadre de la campagne « La planète brûle, nos droits aussi »